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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la trahit, et depuis lors cette excellente amie n’a pu parvenir à me tenir à distance avec sa voix un peu rude et son extérieur grave. J’ai découvert successivement que, chez cet être froid en apparence, se trouvaient un cœur bon, loyal, une raison lucide et bienveillante, un esprit et une conversation gais. M. Harrison me l’avait dit.

Qui est M. Harrison ? L’un des amis de la maison, et que j’aimerais à compter parmi les miens. Il sera peut-être mon compagnon de voyage quand je me rendrai à la Nouvelle-Orléans.

Tu vois le petit tableau de notre vie journalière ; mais sa perle pour moi, c’est ma charmante hôtesse, si bonne et si sensée.

Parmi les personnes qui m’ont donné de la joie ici, il faut citer une jeune muse, madame L…, jolie, bien douée, aimable. Lui entendre lire des vers, c’est éprouver une jouissance véritable et tout amicale.

Plusieurs Suédois sont établis ici ; après avoir échoué dans le Vieux-Monde, ils ont réussi dans le Nouveau, où ils se trouvent maintenant assez confortablement. L’un d’eux s’est tiré d’affaire en montrant l’Enfer, œuvre de la jeunesse d’un sculpteur américain, nommé Powers, né à Cincinnati, et qui travaillait alors chez un horloger. Durant cette période, il a commencé diverses œuvres plastiques, parmi lesquelles s’est trouvée une représentation mécanique de l’Enfer. Le Suédois dont je viens de parler l’acheta, la plaça dans une sorte de musée, invita le public à venir voir comment les choses se passaient en enfer, lui donna de vigoureuses commotions électriques, accompagnées d’éclairs et de tonnerre. C’est maintenant un homme riche, ayant femme, enfants et maison de campagne, le tout acquis en donnant ces représentations.