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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Mais, entourée de tant de choses belles et bonnes, je ne devrais pas m’occuper aussi longtemps des porcs.

J’ai fait de charmantes excursions dans les environs et plusieurs connaissances intéressantes. Je citerai en tête le phrénologue Buchanan, homme spirituel, un peu excentrique, plein de vie et de philanthropie. Son individualité me plaît, et les grandes vues que sa neurologie et son analyse du cerveau humain ont ouvertes relativement aux possibilités infinies de l’homme, m’intéressent beaucoup, car il y donne un grand espace au libre arbitre. Buchanan est à un haut degré spiritualiste : il voit dans les forces intellectuelles les agents les plus énergiques de toutes formations, et dans la vie immatérielle le positif de la matière. Ainsi, pour lui, la volonté de l’homme, c’est la détermination intime ; elle développe en bien comme en mal le cerveau, lequel exhausse et use le crâne.

Ensuite, je suis toute ranimée par la manière dont on envisage ici la question de l’esclavage, la possibilité de le déraciner, l’avenir de la race noire et de l’Afrique en colonisant les nègres chrétiens d’Amérique sur la côte africaine.

Je trouve dans un écrit périodique publié ici par le docteur Christy, agent de la société de colonisation de l’Ohio, des mémoires intéressants concernant Libéria à la Sierra-Leone et l’accroissement des colonies nègres sur la côte d’Afrique. L’État de l’Ohio vient de faire une bonne chose en achetant une vaste étendue de terres sur la côte d’Afrique, au lieu appelé Gallinas, et d’une longueur de plusieurs centaines de milles. Le commerce des esclaves y a eu jusqu’ici l’un de ses principaux débouchés. Des personnes riches de Cincinnati ont donné à cette intention