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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Saint-Louis avait, en 1845, une population de trente-cinq mille âmes, et, en 1849, presque le double. L’État du Missouri a maintenant deux millions d’habitants, et ne compte que trente années d’existence comme État.

En errant au crépuscule dans les rues de la ville, j’ai aperçu diverses figures humaines et d’animaux qui ne m’ont pas réjouie. J’en avais vu de pareilles à New-York, c’est-à-dire des hommes à l’extérieur moitié sauvage, moitié misérable, de pauvres chevaux épuisés par le travail !… J’ai remarqué une foule d’enseignes de médecins ; il s’en trouve à chaque troisième ou cinquième maison. Hélas ! que peuvent opérer ici leurs médicaments ? Je retournai à mon hôtel avec mélancolie et chargée de lourdes pensées.

Parmi les personnes qui sont venues me voir il s’en trouve plusieurs qui sont membres de ce qu’on appelle la « nouvelle Église » c’est-à-dire des Swedenborgiens ; ils croyaient que j’en faisais partie. Je les ai détrompés ; car je trouve dans la vieille Église, et les développements qui lui ont été donnés dans ces derniers temps par les grands penseurs germaniques et scandinaves, une vie plus riche, plus divine. La doctrine de correspondance de Swedenborg est, dans sa base, la foi et la doctrine de tous les peuples méditatifs, depuis les Egyptiens jusqu’aux Scandinaves ; mais l’application qu’il en fait ne me semble pas assez large ni assez spirituelle.

On trouve des Swedenborgiens dans toute l’Amérique. Ce qui paraît leur convenir le mieux c’est la doctrine de la divinité du Christ et celle de la ressemblance du monde céleste ou spirituel avec le monde terrestre : la proximité du premier. Dans les cimetières on trouve souvent des pierres tumulaires en marbre blanc portant cette jolie