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LA VIE DE FAMILLE

à la mollesse de leur éducation. C’est une espèce de vie de harem, avec cette différence que, contrairement aux femmes de l’Orient, celles de ce pays sont considérées comme des souveraines dont les hommes sont les sujets. Mais ce genre de vie tend à enchaîner leur développement, à les détourner de leur noble et haute mission. Les harems de l’Occident, non moins que ceux de l’Orient, ravalent la vie et la conscience de la femme.

En sortant de ma visite chez la fiancée, je suis allée visiter les asiles et les fondations pieuses catholiques dirigées par des religieuses. C’était une autre face du développement féminin que je voyais ici. Dans deux grands asiles pour les orphelins de père et de mère pauvres, dans un établissement pour les femmes repenties (l’asile du Bon-Pasteur), dan ses hôpitaux, j’ai vu des femmes se donnant le nom de « sœurs », vivre d’une grande et sainte vie, en mères des pauvres petits orphelins, et en sœurs gardiennes de leurs semblables déchues et souffrantes. C’était un spectacle édifiant et fortifiant.

Je dois le dire ; les catholiques de l’Ouest me semblent marcher en avant des protestants, relativement à l’imitation vivante du Christ, en fait de bonnes œuvres. L’Église catholique du Nouveau-Monde a une vie nouvelle. Elle a jeté loin d’elle le vieux manteau de l’intolérance, du fanatisme, et se présente riche en miséricorde.

Les couvents sur la terre nouvelle ont un esprit nouveau, dégagé de toute insignifiance de la vie, et sont actifs sous le rapport de la charité. Les monastères ont ici de grandes salles claires et non pas de tristes cellules, rien de sombre ni de mystérieux. Tout est calculé de manière à donner un espace libre à la lumière, à la vie. Qu’elles m’ont paru jolies ces sœurs religieuses avec leur noble et digne cos-