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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

route pour le pays lointain ; son foyer intérieur était un jardin florissant, et elle établit son foyer extérieur dans le désert. Ses membres étant laborieux, modérés, toutes choses prospérèrent entre leurs mains. Mais les loups pénétrèrent bientôt dans leurs enclos sous forme d’aventuriers sans principes, qui mettaient leur foi dans la violence et la ruse, ét agissaient suivant leur croyance. La petite colonie de chrétiens pratiques s’éleva contre leurs actes, fit des représentations pleines de douceur, et ne cessa de répondre au mal par une bienveillance soutenue. Ils allèrent plus loin encore et dirent : « Vous pouvez nous faire tout le mal que vous voudrez, nous n’y répondrons qu’en vous faisant du bien. » Des hommes de loi vinrent dans le voisinage, ils offrirent de pacifier les différends ; les chrétiens pratiques leur répondirent : « Nous n’avons pas besoin de vous. Comme voisins, vous serez les bienvenus. Pour nous, votre profession n’existe plus. » — « Que feriez-vous si les méchants brûlaient vos granges et volaient votre récolte ? » — « Nous rendrions le bien pour le mal. Nous croyons que cette vérité est la plus haute, et par conséquent le meilleur moyen à employer contre les méchants. » Quand ceux-ci entendirent ce langage, croyant que c’était une plaisanterie, ils dirent et firent maintes choses irritantes qui leur paraissaient spirituelles. La clôture fut enlevée pendant la nuit ; on lâcha les vaches dans les champs de blé. Les chrétiens réparèrent le dégât de leur mieux, mirent les vaches dans la grange et les ramenèrent le soir dans l’étable en disant avec douceur : « Voisin, vos vaches sont venues dans nos champs. Nous les avons bien nourries pendant le jour, mais nous n’avons pas voulu les garder durant la nuit, parce que vos enfants auraient pu manquer de lait. »

« Si ce tour était une plaisanterie, ceux qui l’avaient in-