Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
LA VIE DE FAMILLE

dans l’océan Pacifique et dans le courant desquels les saumons bondissent par bandes comme dans les fleuves impétueux de la Norwége et de la Suède.

Au sud du Minnesota est le fertile Jowa, jeune État coupé par de beaux fleuves (le Jowa, des Cèdres, des Moines et de Vermillon), ayant de larges vallées, de riches pâturages ; au centre de ce territoire est le Mississipi, grande artère vitale qu’il voit naître, et sur les eaux duquel il peut transporter tous les produits, du Nord dans le Sud, du Sud dans le Nord.

Je partirai d’ici demain pour descendre le Mississipi jusqu’à Galena, de là à Saint-Louis. Je remonterai l’Ohio jusqu’à Cincinnati, d’où je me rendrai à la Nouvelle-Orléans, et ensuite de l’un des ports du Sud à Cuba, où je me propose de passer l’hiver. Je ne suis pas très-contente de m’éloigner d’ici aussi promptement ; j’aurais voulu voir davantage les Indiens : je suis comme un affamé obligé de se lever de table et de renoncer à un dîner à peine commencé. J’aurais voulu, sans trop savoir pourquoi ni comment, connaître mieux ce pays, ses indigènes primitifs. Il n’y a pas ici de routes ni de moyens de transport comme dans les États cultivés ; ensuite, je ne peux pas rester davantage dans une famille qui, pour m’accueillir, a transféré son unique petit garçon et sa bonne dans une chambre sans feu ; il faut lui rendre celle qui est chaude ; les nuits deviennent froides. J’aspire après le Sud, et me sépare cependant avec peine de mon aimable et bonne hôtesse.

J’emporte une paire de mocassins pour tes petits pieds, et un porte-montre (travail indien) pour ma mère. Les ouvrages faits par les Indiennes sont ornés, quoiqu’elles manquent de goût et d’idée dans le dessin. Le rouge et autres jolies couleurs dominent dans leurs broderies, comme