Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
LA VIE DE FAMILLE

des vivres, qu’ils payent un prix exorbitant, ce qui les appauvrit peu à peu, en fait la proie de la faim et de la misère. Ces tribus dégénèrent donc physiquement et moralement. Leurs guérisseurs n’ont pas de remède ni de sortilége contre leur contact avec la race blanche, qui les empoisonne.

Des Indiens aux nobles sentiments ont prononcé des paroles énergiques et amères contre les blancs et la condescendance de leur peuple à l’égard de ceux-ci. « Si le Grand-Esprit, dit un chef sioux à un missionnaire chrétien, avait destiné votre religion aux hommes rouges, il la leur aurait donnée. Nous ne comprenons pas ce que vous nous dites. La lumière que vous voulez nous donner obscurcit le droit chemin lumineux suivi par nos pères ! »

Quand ce chef mourut, il dit à son peuple : « Creusez vous-mêmes mon tombeau, empêchez l’homme blanc de m’y suivre. » Hélas ! celui-ci passe sur la tombe de ce chef au nom de la lumière et de la civilisation, le peuple du « crépuscule » lui fait place, meurt insensiblement dans les ombres du désert, des montagnes Rocheuses. Il ne peut en être autrement.

Malgré l’intérêt que m’inspirent certains caractères élevés chez ce peuple, il m’est impossible de souhaiter une longue vie à des gens qui mettent la cruauté au nombre de leurs vertus, et font une bête de somme de la femme.

Le peuple qui les expulse et s’empare de leur terre est, quels que soient ses défauts, plus noble et plus humain ; il a mieux qu’eux la connaissance du bien et du mal ; il court après la perfection, veut jeter loin de lui les armes de la barbarie, et ne fonder sur la terre nouvelle d’autre forteresse durable que l’Église du Christ, ne dresser d’autre bannière que celle du Prince de la paix. Il a surtout montré,