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LA VIE DE FAMILLE

mère patrie pour l’homme. La même force naturelle, la même force créatrice a dû créer, sur plus d’un point, un couple humain. Et, Dieu étant le Père et la nature la Mère, les hommes n’en sont pas moins frères. Le couple adamique peut, dans tous les cas, être considéré comme le couple humain choisi, chargé de la mission d’instruire, de délivrer les couples frères, plus enchaînés par la vie naturelle. Que Dieu nous pardonne la manière dont, la plupart du temps, nous avons rempli notre mission !

Quant aux Indiens de l’Amérique du Nord, nous ne sommes pas seuls fautifs. S’ils avaient été plus accessibles à une civilisation élevée, la violence et le droit du plus fort n’auraient pas été exercés contre eux, ne les auraient pas subjugués comme cela est arrivé. Quoique les premiers missionnaires, énergiques dans leur foi et pleins de zèle, fussent parvenus à réunir autour d’eux de petites bandes fidèles de nouveaux chrétiens, on voit clairement que leur puissance provenait de leur individualité plutôt que de la doctrine qu’ils prêchaient. Quand ils se furent éloignés, la bande se dispersa.

Des blancs d’une individualité remarquable ont épousé des femmes indiennes, essayé d’en faire des femmes civilisées. La Skwah est restée Skwah, malpropre, à cheveux tortillés, préférant le crépuscule de la cuisine à la lumière du salon, la large couverture de laine dont elle s’enveloppait au corset, à la robe de soie. Épouse fidèle, mère tendre, elle est restée dans le foyer, a pris soin des siens tant que le mari a vécu et que les enfants étaient petits.

Mais ceux-ci une fois grands, si le mari meurt, elle disparaît du logis. Quand les oiseaux se sont mis à chanter le printemps, quand la forêt et la rivière ont parlé d’une vie nouvelle, cette femme retourne vers ses huttes, dans