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LA VIE DE FAMILLE

notre destination morale, de la source la plus limpide de la vie, avait pénétré par l’intermédiaire du berger Georges Fox dans le peuple, était devenue sa propriété. Même le dernier d’entre tous y participait, car la doctrine disait : « Assieds-toi n’importe où tu te trouves ; assieds-toi près de ton foyer, et lis la divine inscription tracée dans ton cœur. Les uns cherchent la vérité dans les livres, les autres près des savants ; mais ce qu’ils cherchent est en eux-mêmes. L’homme est un abrégé de l’univers, et, pour le comprendre, nous n’avons qu’à nous étudier nous-mêmes comme il faut. »

L’apparition de cette doctrine à une époque où les vieilles autorités chancelaient, où les oracles ne donnaient que des réponses confuses, explique l’enthousiasme approchant d’une orgueilleuse ivresse avec lequel plusieurs des partisans de Georges Fox propageaient ses préceptes. Se considérant comme les fondateurs d’une religion universelle, ils allèrent prêcher « l’infaillibilité de la lumière éternelle » à Rome, à Jérusalem, en Amérique, en Égypte, en Chine et au Japon.

Fox, guidé par la lumière intérieure, persévéra dans sa détermination. La voix intérieure lui avait ordonné de mettre l’esprit au-dessus de la lettre, de tutoyer tout le monde, de ne se découvrir pour personne, de refuser de prêter serment ; de ne reconnaître aucune forme de gouvernement sans y être invité par la voix intérieure. En revanche, elle lui ordonnait de serrer tous les hommes dans les bras de l’amour fraternel, de traiter même les animaux avec tendresse. Fox se rend dans le Nouveau-Monde et dit à l’Indien : « Tu es mon frère ! » En tous lieux, il répand avec sa doctrine la beauté intérieure de son âme, son amour pour le bien et la vérité éternelle ; partout il