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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

n’a qu’à se tourner attentivement vers la lumière et la voix intérieures.

« La lumière intérieure ! La voix intérieure lui ordonna d’aller annoncer ce message à l’espèce humaine, d’entrer dans les églises, de crier aux prêtres pendant le service divin : « L’Écriture n’est pas la seule règle, l’esprit est au-dessus de l’Écriture ! » Elle lui ordonna de s’élever contre les « serviteurs mercenaires » de la religion, comme contre les loups couverts de la peau des agneaux.

Je n’entrerai pas dans le détail des persécutions qu’eut à subir l’homme qui s’élevait ainsi contre la foi et la morale anciennes, dont la force d’esprit faisait trembler les murs des églises ; rien ne serait cependant plus intéressant que de suivre cet homme, de voir qu’au sortir des mauvais traitements, des prisons, des dangers de mort, il était toujours le même, si ce n’est plus fort, plus décidé, et embrasé d’un zèle plus ardent ; de voir grandir autour de lui le nombre de ses partisans enivrés par les flots de la lumière intérieure, tandis qu’une partie des serviteurs de l’Église d’État avaient peur et tremblaient quand on disait : « L’homme aux culottes de peau est arrivé ! » Rien n’offre un plus haut intérêt que de voir ces partisans ignorants de la lumière intérieure, de la révélation de la voix intérieure, venir, en vertu « de la morale divine qui vit dans toute âme humaine, » proclamer les oracles de la vie intérieure. Des servantes et des manœuvres deviennent prédicateurs, lancent leur voix dans le monde, invitent le pape, le sultan, les puritains et les cavaliers, les nègres et les Hindous, à comparaître devant le tribunal suprême de la voix intérieure.

La lumière qui avait brillé aux yeux des plus illustres païens, de Socrate et de Sénèque, comme base dernière de