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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

femme, vinrent à bord pour m’inviter à être leur hôte. Je suis donc chez eux, heureuse, en compagnie de personnes amicales, et l’on me promène dans les environs. Saint-Paul, l’un des plus jeunes enfants de l’Ouest, n’a que dix-huit mois d’existence, mais cette période de temps a suffi pour lui donner une population de deux mille âmes ; elle en aura sans doute vingt-deux mille en peu d’années, car sa position est superbe sous le rapport de la beauté, de la salubrité, du commerce. Les pelleteries indiennes y abondent de l’immense pays qui se trouve entre le Mississipi et le Missouri, frontière occidentale du Minnesota ; les forêts, encore en possession de leur richesse primitive, les lacs et les rivières avec leur abondance en poisson, offrent des ressources inépuisables, et pour les répandre dans le commerce universel, on a le Mississipi qui les porte, à travers l’Amérique centrale, à la Nouvelle-Orléans. Bon nombre de négociants ont déjà gagné ici une fortune considérable ; il en arrive tous les jours, et l’on bâtit des maisons aussi promptement que possible.

Mais, Saint-Paul étant encore dans l’enfance, on se contente d’avoir des habitations de première nécessité. Le salon du gouverneur est en même temps sa chancellerie ; les Indiens, les manœuvres, les dames, les messieurs, y entrent pêle-mêle. En attendant, M. Ramsay fait construire une jolie et vaste maison un peu en dehors de la ville, sur une hauteur couverte de jolis arbres, avec vue magnifique sur le fleuve. Si je devais habiter les bords du Mississipi, ce serait ici, contrée montueuse, offrant partout de beaux points de vue très-variés.

Saint-Paul fourmille d’Indiens. Les hommes sont en général agréablement parés, portent des haches brillantes, dont le manche sert de tuyau de pipe. Ils se tatouent avec