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LA VIE DE FAMILLE

s’y trouvaient bien et espéraient y réussir. Deux vaches grasses, avec grelot, paissaient autour de la cabane, dont les terres étaient sans clôture. Dans l’intérieur tout était rangé et annonçait une certaine aisance. Sur une tablette, je vis quelques livres, la Bible, des livres de prières et de lecture, contenant des morceaux choisis de littérature anglaise et américaine, en vers et en prose.

La jeune femme parla avec esprit et calme de sa vie, de sa position, ainsi que de celle de son mari comme colon dans l’Ouest. En nous éloignant, je la vis debout à sa porte avec son bel enfant sur le bras, encadrée par la maison, que le soleil éclairait doucement. C’était une belle image de la vie nouvelle de l’Ouest. Cette jeune, cette robuste mère portant l’enfant ; la petite habitation, protégée par le mari, et dans laquelle sont renfermés les trésors les plus nobles de l’amour et de la pensée, voilà les pépinières qui rempliront insensiblement le désert et le feront fleurir comme un lis.

Le 16 octobre.

Un matin splendide et chaud comme en été. Il a plu cette nuit. La masse épaisse et sombre des nuages a été traversée par un rayon de soleil semblable à l’éclair. Il y a eu un jeu d’ombres tranchées et de clairs célestes sur les hauteurs de plus en plus hardies, escarpées. J’étais de nouveau seule avec l’Amérique, cette sibylle, aux genoux de laquelle je me suis assise en prêtant une oreille attentive, en levant vers elle des regards pleins d’amour. Oh !… ce qu’elle m’a dit durant cette matinée, pleine d’inspiration, je ne l’oublierai jamais !