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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tale une trace humaine, un petit sentier frayé à travers la Prairie. Laissant les canots à la garde de leurs compagnons, le Père Marquette et Joliet résolurent de tenter seuls une rencontre avec les sauvages. Après une course d’environ six milles dans l’intérieur du pays, ils aperçurent un village sur le bord d’une rivière et deux autres sur les pentes de collines un peu plus éloignées. La rivière se nommait Mors-in-gou-e-na, ou Moingona (plus tard, des Moines). Marquette et Joliet étaient les premiers blancs qui eussent mis le pied sur le sol de Jowas. Ils se recommandèrent à Dieu et poussèrent de grands cris ; les Indiens les entendirent. Quatre vieillards s’avancèrent lentement en portant le calumet de paix, orné de plumes de couleurs variées. « Nous sommes Illinois, » dirent-ils, ce qui signifie : « Nous sommes des hommes. » Un vieux chef reçut les voyageurs dans sa hutte, et dit à Marquette en élevant les mains : « Combien le soleil est beau, Français, lorsque tu viens nous visiter ! Tout notre village t’attend, et tu habiteras en paix dans nos cabanes. » Dans le grand conseil, le Père Marquette annonça la doctrine d’un seul vrai Dieu, leur Créateur, parla aussi du grand capitaine des Français dans le Canada, qui, après avoir puni les nations indiennes hostiles, avait donné l’ordre d’observer la paix. Il les questionna sur le Mississipi et les tribus habitant sur ses rives.

« On prépara, pour les messagers qui annonçaient la défaite des Iroquois, un festin splendide composé de hamouny, de poissons, de gibier choisi tué dans la Prairie.

« Après six jours de fêtes passés au milieu des sauvages, on alla plus loin. « Je ne redoute pas la mort, dit Marquette, et j’aurais considéré comme le plus grand bonheur de mourir pour la gloire de Dieu. »

« Ils passèrent devant des roches perpendiculaires qui