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LA VIE DE FAMILLE
LETTRE XXVI.


Sur le Mississipi, le 15 octobre 1850.

Nous sommes sortis au coucher du soleil, par le soir le plus délicieux, le plus magnifique, de l’étroite et serpentante rivière de Fève pour entrer dans le grand Mississipi, limpide comme une glace, contournant des îles basses et richement verdoyantes ; il coulait entre des montagnes lointaines d’une teinte bleuâtre, sous un ciel doux, bleu clair, où la nouvelle lune et l’étoile du soir se levaient, augmentaient en éclat à mesure que le soleil descendait derrière les montagnes. L’été indien jetait son voile transparent de vapeur sur la contrée ; on aurait pu le prendre pour l’encens de la terre reconnaissante et montant le soir vers le ciel clément. Pas un souffle de vent, tout était silencieux, paisible, dans ce grand spectacle d’une beauté inexprimable. Un coup de feu retentit, une légère colonne de fumée s’éleva de l’une des petites îles vertes, et des bandes de canards, d’oies sauvages, voltigèrent à l’entour, fuyant le chasseur caché, et qui, je l’espère, n’aura pas eu de rôti ce soir-là. Puis tout redevint silencieux, paisible. Ménomonie remontait avec rapidité, quoique posément, le magnifique fleuve.

J’étais debout sur le tillac, ainsi que le capitaine, M. Smith, et le représentant du Minnesota, M. Sibley, ac-