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LA VIE DE FAMILLE

examinant la serrure avec soin, je ne tardai pas à découvrir un petit ressort ; je le pressai, la serrure s’ouvrit aussitôt. Je rendis la liberté à mon compagnon de captivité, qui parut aussi content que moi de sortir de cette aventure nocturne.

Plus tard.

J’ai été interrompue par quelques visites, qui m’ont obligée de descendre dans le petit salon « des dames, » où une jeune et jolie personne chantait faux de manière à déchirer le tympan, et n’en finissait pas. Un jeune homme assis à côté d’elle tournait le feuillet ; il devait être sourd ou amoureux jusque par-dessus les oreilles.

Un mari et une femme qui arrivaient du désert, au delà le Mississipi (je les ai reçus dans ma chambre), m’ont donné des détails intéressants sur ce qu’on appelle les « Sqvatters, » espèce de peuple de race blanche, composé en grande partie des premiers habitants de l’Ouest. Ils s’établissent çà et là dans le désert, cultivent la terre et la liberté, ne connaissent pas d’autre culture, ne payent pas d’impôts, ne veulent entendre parler ni de loi ni d’église, Ils vivent en famille, non pas en société, sont extrêmement paisibles, ne commettent aucun genre de crime. Tout ce qu’ils demandent, c’est qu’on les laisse en paix et d’avoir les coudées franches. Les Sqvatters s’arrangent bien avec les Indiens, pas aussi parfaitement avec les blancs civilisés. Quand ceux-ci arrivent avec leurs écoles, leurs églises, leurs boutiques, les Sqvatters se retirent plus avant dans le désert, « afin, disent-ils, de pouvoir vivre avec innocence et liberté. » Tout l’Ouest, au delà du Mis-