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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le 23 septembre.

Mais le soir, quand le soleil se couche et que le vent s’est calmé, je cherche à voir, de quelque point élevé de la ville, descendre cet astre sur la prairie ; car c’est beau. Cette splendeur fait naître en moi des pensées mélancoliques. Dans cette contrée de l’Ouest, éclairée par le soleil, je vois des millions de marchands, mais — pas un temple, pas un adorateur du soleil et de la « beauté éternelle. » La civilisation des Péruviens était-elle plus noble ? Avaient-ils un esprit plus élevé ? Étaient-ils enfants de la lumière plus que la génération qui habite actuellement l’Ouest du Nouveau-Monde ?

Le 24 septembre.

J’ai trouvé quelques compatriotes établis dans cette ville, le capitaine Schneidau et sa femme, M. Unonius, pasteur d’une paroisse suédoise des environs. Ils faisaient partie des premiers émigrants suédois qui se sont établis près du joli lac des Pins, dans le Visconsin, en se figurant qu’ils allaient y introduire, y mener une vie de bergers arcadiens. Hélas ! ils ont trouvé le contraire. La contrée avait une beauté toute suédoise, mais le sol en était presque partout mauvais. Les colons et les cultivateurs du désert s’étaient trompés dans le calcul du travail et de leurs forces. Ensuite ils avaient apporté avec eux le penchant qu’ont les Suédois à régaler les autres, à vivre gaiement sans songer au temps que ceci peut durer. Chaque famille se bâtit une demeure pauvre et invita ses voisins à des fes-