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LA VIE DE FAMILLE

avec les Indiens, leur sont véritablement dévoués et paraissent avoir plus d’yeux pour les vertus que pour les défauts qui distinguent ce peuple singulier. M. et madame Kinzie ont habité longtemps le Minnesota.

Chicago est une des villes les plus laides et les plus froidement humides que j’aie encore vues en Amérique, et ne mérite pas son nom de « Reine des lacs. » Elle ressemble plutôt à une revendeuse qu’à une reine, car elle est presque entièrement composée de boutiques. C’est à peine si l’on y voit quelques jolies maisons avec jardin, même hors de la ville. Les rues, pavées en bois ou non pavées et sablonneuses, sont larges et bordées de maisons en planches presque sans interruption. Tout semble annoncer que ses habitants y sont venus pour trafiquer, gagner de l’argent et non pas y vivre. Cependant j’ai fait ici la connaissance de quelques personnes, les plus aimables que j’aie rencontrées sur la terre ; gens, hommes et femmes, avec lesquels on peut vivre, causer, se plaire, qui n’adressent pas cent questions futiles à une étrangère, lui donnent au contraire l’occasion de voir, d’apprendre par elle-même, et cela d’une manière charmante, tout ce qu’elle peut désirer connaître. Ils ne sont pas comme les habitants de presque toutes les petites villes d’ici, exclusivement contents d’eux, de leur monde, de leur cité ; ils voient leurs défauts, en parlent et permettent qu’on en parle.

Depuis hier nous avons un vent chaud qui doit ressembler au sirocco des Italiens ; on en devient « échec et mat ; » l’air de Chicago se compose d’un nuage de poussière.