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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ce dernier est privé des soins spéciaux qu’exige son infirmité. Je n’ai pas trouvé non plus la direction de cette maison aussi noble et attentionnée que celle des autres établissements de bienfaisance. Elle manque d’un lieu de repos en plein air, avec arbres, champs verdoyants et fleurs pour les vieillards. La petite cour, ornée de quelques arbres, est par trop insignifiante. Du reste, l’ordre et la propreté y sont remarquables, comme dans tous les établissements publics du Nouveau-Monde. Des salles claires et vastes, ont, dans l’épaisseur des murs, de petites chambrettes obscures, ressemblant à des niches, des cellules, où couchent les vieillards ; ils ont ainsi chacun un petit coin à eux, avec porte ouvrant dans la salle commune où un poêle en fer répand la chaleur. Cette disposition m’a paru dominante pour les chambres des pauvres ; elle est assurément bonne, et les vieillards peuvent ainsi, quand ils le veulent, être seuls, ou jouir de la société et des livres, dans une salle claire, chaude, garnie de tables, de bancs et de chaises.

La ville contient encore d’autres bons établissements publics ; j’espère avoir le temps de les visiter. Parmi leurs fondateurs ou leurs directeurs, on trouve toujours des Quakers, et cet amour de l’humanité qui animait le premier législateur de la Pensylvanie, William Penn, le créateur de Philadelphie. Plus je vois de Quakers et plus ils me plaisent. Les hommes ont quelque chose de sensé, d’assuré, de sèchement gai qui est fort agréable ; ils racontent volontiers de bonnes histoires, destinées presque toujours à illustrer le principe de la paix, à prouver combien la sagesse humaine s’accorde avec lui, et que tous deux sortiront victorieux de leur lutte avec le monde. L’amour chrétien se montre chez les Quakers, accompagné d’un peu de ruse,