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LA VIE DE FAMILLE

pare le Michigan du Canada. Le rivage paraissait couvert de petites habitations élevées sur des lots de terre régulièrement divisés. Le pays m’a semblé bas, avec collines ondoyantes et fertiles.

Détroit est, comme Buffalo, une ville d’affaires, mais plus jolie et plus amicale que cette dernière. J’ai trouvé dans l’hôtel des questionneurs ennuyeux, mais aussi des personnes fort aimables avec lesquelles on pouvait causer agréablement, avec franchise, et se bien trouver. Je me souviens surtout, parmi celles-ci, de l’évêque épiscopal de Michigan, homme ouvert, cordial et penseur ; d’une mère avec ses deux filles ; et j’ai eu ainsi l’occasion d’échanger quelques paroles affectueuses puisées dans le fond sérieux de la vie. Cela m’a fait du bien. Du reste, les habitants de Détroit étaient fort contents de leur ville, de la vie qu’ils y mènent, d’eux-mêmes, et les uns des autres ; ceci me paraît être le cas de toutes les localités de l’Ouest par lesquelles j’ai passé.

Le lendemain au soir, nous sommes arrivés à « Anne-Arbourd, » jolie petite ville au milieu des champs. J’y ai reçu également des visites, et j’ai été obligée, comme d’habitude, de soutenir un interrogatoire. Mon vieux pionnier, n’aimant pas à voyager incognito, ne peut comprendre qu’on soit fatigué, qu’on désire échapper aux présentations et aux questions. Ici également, les gens sont fort contents d’eux-mêmes, de leur ville, de sa position et de leur genre de vie. Anne-Arbourd tire son nom de la circonstance suivante : À l’époque de l’arrivée de ses premiers habitants, ceux-ci se composaient principalement d’une seule famille. Tandis qu’on défrichait la forêt, qu’on labourait, l’unique abri était une cabane de feuillée et de toile en forme de tente, où Anne, la mère de famille, faisait cuire les repas