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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

flots ressemblent maintenant à des naïades qui jouent au soleil.

« L’Érié, dit un Français (M. Bouchotte), peut être considéré comme un grand réservoir central, d’où rayonnent une multitude de canaux ; les navires peuvent donc se diriger de là vers toutes les parties de l’intérieur du pays, vers l’océan Atlantique, à l’Est et au Nord, vers les contrées et les mers du Sud, et recueillir les produits des climats les plus variés. »

Tous les émigrants qui fondent de nouvelles colonies autour des grands lacs traversent l’Érié, mais il devient souvent le tombeau d’un grand nombre d’entre eux. Tout récemment un bateau à vapeur y a pris feu ; il était plein d’émigrants, la plupart Allemands. Des centaines de ces pauvres gens ont péri. Parmi les cadavres qu’on a retirés, se trouvaient sept à huit couples se tenant embrassés, et que la mort n’avait pu séparer : l’amour avait été plus fort qu’elle. Le pilote est resté debout près du gouvernail et a dirigé le bateau vers la terre jusqu’au moment où les flammes atteignirent ses mains. Trente ou quarante passagers seulement ont été sauvés.

La traversée de l’Érié a été pour moi une fête éclairée par le soleil sur ce magnifique bateau à vapeur ; un piano faisait partie de l’ameublement du salon, et l’aimable capitaine a pris soin de ma personne de la manière la plus affectueuse. Mon vieux pionnier m’a raconté diverses circonstances de sa vie, sa conversion, son premier et dernier amour, et ajouta qu’en général il aimait beaucoup la société des femmes. À quatre heures de l’après-midi, le second jour de notre navigation, nous arrivâmes à Détroit, ville fondée originairement par des Français sur le canal ou détroit qui réunit l’Érié au lac Saint-Clair et sé-