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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dont les diverses chutes font marcher des moulins à farine célèbres. Par les grands lacs, elle est en rapport avec tous les États qui les entourent, et avec le Canada ; par la Genessée, l’Hudson, le canal d’Érié et d’innombrables chemins de fer, elle se trouve en relation avec les contrées orientales.

Rochester est bien l’enfant du grand Ouest sous le rapport de sa croissance. Fondée en 1812 par Nathaniel Rochester et quelques autres émigrants du Maryland, elle avait, en 1820, quinze cents habitants ; on en compte maintenant (1850) quarante mille : c’est ce qu’on peut appeler du progrès. La mouture est sa principale industrie ; ses moulins produisent, dit-on, cinq mille barils par jour de farine magnifique. Des personnes fort bien et amicales, amies des Lowell et enfants du Massachusett, s’emparèrent de nous à Rochester. Elles nous menèrent en voiture visiter le lion de la ville, c’est-à-dire les factoreries situées sur la berge élevée de la Genessée. L’eau qui fait mouvoir les machines est prise plus avant dans la rivière ; son travail achevé, on la laisse courir, et elle descend en cascades écumantes ; on dirait de turbulents écoliers qui, sortis de l’école, se hâtent de jouir de la liberté.

Sur la rive en face et aussi élevée sont établis plusieurs jardins de plaisir, où l’on trouve des carrousels, des tirs et autres distractions, et la vue d’un paysage des plus vastes. Dans les prés verdoyants non enclos paissent de beaux troupeaux ; le soleil couchant embellit cette jolie scène : comme c’est bien imaginé et heureusement trouvé, de placer, non loin du travail un lieu de plaisir, et de leur montrer à tous deux ce magnifique panorama !

Nous nous promenâmes un moment seules, Marie Lowell et moi, le long de la rivière, et nous vîmes des cascades plus agrestes, trop agrestes et jolies pour faire marcher