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LA VIE DE FAMILLE

exprimer ainsi les sentiments de nos âmes ; nous régularisons notre danse, afin qu’elle nous représente notre foi, notre devoir, et devienne ainsi, pour nous, la leçon vivante de nos sens, de notre âme et de notre corps.

D. Vous représentez, dites-vous, quelque chose de tout nouveau dans le monde. Je vous observerai cependant que des sectes, séparées du monde, et renonçant à ses convoitises, pour mener une vie sainte, ont existé à toutes les époques. En quoi votre société se distingue-t-elle des ordres religieux qui se sont formés immédiatement après l’introduction du christianisme, et qu’on trouve encore dans bien des pays ?

R. La différence est fort grande. Les ordres religieux dont vous parlez veulent aider les hommes à atteindre la perfection en séparant l’homme de la femme ; Dieu les a cependant créés pour former une unité spirituelle. Nous disons, au contraire, que de l’union spirituelle de l’homme et de la femme peut résulter un homme parfait.

D. La pensée fondamentale de votre société est par conséquent le mariage spirituel ?

R. Nous ne lui donnons pas le nom de mariage, nous disons seulement que l’homme et la femme ne deviennent bons et des créatures humaines parfaites que par l’union spirituelle intérieure, les relations journalières, conformément au dessein de Dieu.

D. Mais, si tous les hommes pensaient comme vous, si le monde entier, c’est-à-dire notre monde, devenait une société du genre de la vôtre, sans mariage ni enfants, il finirait bientôt et s’éteindrait.

Évans réfléchit un peu, et dit ensuite que, si notre monde finissait d’une bonne manière, s’il avait une bonne et sainte fin, autant valait qu’elle arrivât bientôt, puisque