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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

lége Girard comme dans toutes les autres écoles américaines, un chapitre du Nouveau Testament à la jeunesse réunie, avant de commencer les travaux de la journée. L’une des galeries splendides de l’école-temple contient la statue en marbre blanc de M. Girard. C’est un travail magnifique comme portrait fidèle d’un simple particulier en habit bourgeois ; haute figure prosaïque sans aucune imagination, mais dont l’énergique réalité fait plaisir. Cette statue ne paraît point à sa place dans ce beau temple, car elle manque complétement de noblesse et d’élévation.

Il faut aussi te parler du « Pénitentiaire de Philadelphie. » Au centre de la vaste rotonde à laquelle viennent aboutir les grands corridors à cellules, comme les rayons du soleil à un foyer commun, était assis, dans un bon fauteuil, en habit jaune clair à grands boutons, la tête couverte d’un chapeau à larges bords, un Quaker, M. Scattergood. On dirait une grande araignée veillant sur les mouches prises dans sa toile. Mais non ; cette comparaison convient peu à la chose et à l’homme, vieillard bienveillant, à l’air sensé, humain et bon. Il est difficile de se représenter un gardien plus agréable, L’Ami Scattergood nous accompagna dans les cellules. Les prisonniers vivent ici entièrement seuls, sans communications avec leurs codétenus ; mais on leur permet de travailler, de lire. La bibliothèque est considérable, et contient entre autres des livres religieux, des voyages, des écrits sur l’histoire naturelle, et même des ouvrages de pure littérature, mais choisis. Ce n’est pas d’une main parcimonieuse que les plus nobles semences de la civilisation sont répandues sur les enfants de la prison « assis dans les ténèbres. » L’esprit du Nouveau-Monde n’est ni timide ni avare ; il ne