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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

avec Marcus ; à la maison, Rébecca me raconte des événements de la vie intime ; ils rendent témoignage de l’influence merveilleuse de la lumière intérieure sur les âmes qui lui consacrent une attention paisible. De petits feux alignés ou en rond brillent la nuit sur le banc de sable de la rive, entre les arbres du rivage ; ils sont produits par une espèce de moules que l’on fait cuire pour le souper, en brûlant au-dessus de menues branches : leur goût est exquis, fin et meilleur, selon moi, que celui des huitres. Le temps fraîchit, les bains sont fortifiants ; nous sommes contents et heureux.

Avant de quitter Brooklyn, nous sommes allés un dimanche entendre M. Beecher prêcher. Il s’était prononcé fortement, dans un journal religieux dont il est collaborateur, au sujet de la nouvelle loi contre les esclaves fugitifs. Beaucoup de membres de son église avaient très-mal pris la chose. Beecher fit donc en chaire sa profession de foi sur le devoir du prêtre envers ses ouailles et sa conscience : ce fut dit en peu de mots, mais avec énergie. « Si la loi de Dieu et ma conscience m’ordonnaient une chose, et si vous me disiez que je ne dois pas leur obéir, mais à vous, ou me retirer, alors je devrais me retirer, et le ferais si je ne pouvais pas rester sans blesser ma conscience. » L’église était comble et l’auditoire sérieux comme Beecher. Il n’y a pas lieu de craindre qu’il se retire ; on l’aime et l’estime trop pour ne pas lui céder, surtout quand il a raison dans la chose, si ce n’est pas toujours dans la forme.

Le 27 août.

Je me propose actuellement de partir pour le grand Ouest ; il est devant moi comme une sorte de nébuleuse mytholo-