Andersen ; ses Aventures sont goûtées et lues ici des grands et des petits, comme chez nous. « Ne viendra-t-il pas en Amérique ? » me demande-t-on souvent. Je réponds : « Il y a trop d’eau entre vous ; » j’ajoute intérieurement : « et trop de feu. » Andersen courrait le danger d’en être dévoré comme un nouveau Sémélé. Mais s’il pouvait traverser heureusement l’épreuve de l’eau et du feu, il remercierait Dieu, je le crois, de voir ce continent occidental et son peuple.
Puissé-je occuper une place dans votre pensée et votre affection comme une amie dévouée et reconnaissante.
Avec quel plaisir, chère Agathe, j’ai reçu ta lettre du 12 juillet, si chaude, si remplie de bons et tendres sentiments ! Mais le mauvais état de la santé m’afflige et me donne des remords ; il me semble que je devrais être auprès de toi, et je cherche à me consoler en pensant que tu prends maintenant les bains à Marstrand. La prolongation de mon séjour en Amérique est pour ainsi dire une nécessité ; il m’a été impossible d’aller plus vite. Mon voyage dans l’Ouest ne peut se faire d’une manière profitable, à moins d’y consacrer trois mois entiers, ce qui me conduira jusque bien avant dans celui de novembre. Revenir chez moi sans avoir vu le grand Ouest et sa vie progressive, ce serait comme si j’avais vu jouer l’opéra de Gustaf Wasa