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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

après son affranchissement, acquis une fortune assez considérable, dans le commerce, pour lui permettre d’espérer qu’il finirait ses jours dans le repos et l’aisance. Ayant été ruiné par son fils, il s’était vu obligé dans sa vieillesse de subvenir à ses besoins par un travail rude, tel que de conduire du grès et des pierres destinées aux routes et aux bâtisses. À la fin, le vieillard tomba malade et sentit approcher sa fin. Il envoya un messager à mademoiselle *** pour la prier de venir le trouver, ajoutant qu’il ne mourrait en repos qu’après l’avoir vue. Elle se rendit à sa prière, et trouva le vieux nègre dans une chambre pauvre, couché et très-faible.

« Mame, lui dit-il, vous avez toujours été bonne pour moi ; je crois donc devoir vous dire une chose qui m’oppresse l’esprit, et vous demander de me venir en aide si vous le pouvez. »

Mademoiselle *** invita le vieillard à parler librement.

Il continua : « Vous savez, Mame, comment j’ai perdu ma fortune, et que depuis bien des années j’ai vécu de mon travail et n’ai été à charge à personne. Néanmoins, je n’ai pu éviter, dans ces derniers temps, de faire des dettes, et je sens que je ne mourrai pas en paix sans la certitude qu’elles seront payées. Je voulais, Mame, vous prier de vous en charger.

— À combien se montent-elles ? demanda Mame.

— Quinze dollars !

— Soyez tranquille, mon cher Jacob, je puis et veux les payer.

— Que Dieu vous récompense, Mame.

— Maintenant, Jacob, répondez à une question que je vais vous faire ; dites-moi consciencieusement si vous