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LA VIE DE FAMILLE

sonne, la même facilité à s’irriter, la même susceptibilité au sujet de ce cher moi qui donne lieu à des interpellations, des emportements, des déclarations incessantes, à une foule de petites escarmouches qui retardent indéfiniment la fin des grandes batailles, et font ressembler les grands hommes, les représentants des grands États, à de petits enfants querelleurs. Si l’on ajoute à ceci la susceptibilité du représentant pour l’honneur et la dignité de l’État qu’il représente, son ardeur à se lever, à se précipiter en avant, à la moindre allusion qui lui paraît attentatoire à cet honneur, les occasions de combattre ne manquent pas, comme tu le vois.

C’est le côté sombre de l’assemblée ; mais elle a aussi son côté clair, aussi brillant que celui du Vieux-Monde. On y entend de nobles protestations contre les ténèbres et l’égoïsme, des appels au but élevé de l’Union, au bien-être de l’humanité. L’aigle debout sur la roche de l’Océan bat des ailes, fixe de temps à autre le soleil, mais il n’a pas encore pris son vol vers lui. Henry Clay ressemble à cet aigle. Daniel Webster, c’est l’aigle qui tournoie dans le nuage, et forme des cercles autour d’un soleil imaginaire, — la constitution. Aucun de ces hommes ne paraît doué d’un caractère grand et moral, de cette grandeur que j’admire chez le législateur le plus illustre du Vieux-Monde, — Moïse.

Le 25 juillet, près de Baltimore (Maryland).

C’est d’une campagne infiniment jolie, ayant vue sur l’embouchure du Potasco, dans la baie de Chesapeak, près de Baltimore, que je t’adresse, mon Agathe, un affectueux