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LA VIE DE FAMILLE

resse, mademoiselle Donaldson. Je parierai d’ici la semaine prochaine pour retourner à Philadelphie et me rendre de là, avec le professeur Hart, aux bains du Cap-May. Après m’être salée et fortifiée dans la mer pendant une quinzaine de jours, j’irai à New-York pour consulter Marcus et Rébecca sur mes courses ultérieures et savoir si j’irai au Nord ou à l’Ouest. M. et madame Lowell veulent faire avec moi le voyage du Niagara, et je compte partir de là pour l’Ouest et le Mississipi, sans savoir encore jusqu’où j’irai. Les géants attirent, mais Dieu dispose.

Hier au soir, il y a eu chez moi grande réunion « d’amis, » de connaissances et de personnes que je ne connaissais pas. On m’a donné des fleurs et j’en ai distribué. On ne peut refuser aux Américains une cordialité vive et une chaleur juvénile.

J’ai appris que Robert Peel s’est tué en tombant de cheval ; tout le monde ici s’afflige de la mort de ce grand homme d’État, mais « en passant, » personne n’ayant le loisir, dans ce moment, de s’occuper des autres peuples. Tous les esprits américains songent à leurs propres affaires, à la chaleur qui a pris complétement le dessus. Les membres du Congrès sont fatigués au delà de toute expression. « L’éloquence de Démosthènes ou de Cicéron ne serait pas capable de nous ranimer, » me dit l’autre jour un sénateur épuisé. Cependant on écoute encore avec satisfaction le sénateur de l’État Granit, M. Hale, à cause de ses saillies animées et spirituelles ; mais tous ses collègues aspirent après le moment où ils pourront retourner chez eux, aller prendre les bains, s’éloigner, ne plus entendre les discours et les luttes du Capitole, et se soustraire à la vie de « haute pression » que l’on mène à Washington. Le dernier grand discours de la session est attendu demain.