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LA VIE DE FAMILLE

le Sud, sur le bord des rivières rouges, à Mâcon et à Savannah, j’ai vu des processions de gens revenant d’un baptême dans la rivière, mais non pas la cérémonie. Je viens d’y assister dans une église baptiste d’ici. Après le sermon, la chaire fut changée de place et laissa voir dans le chœur six jeunes filles alignées, en blouses de laine d’un gris blanc serrées autour de la taille avec une écharpe. Un jeune prêtre en noir descendit dans une excavation qui se trouvait dans le plancher du chœur. C’était un bassin plein d’eau. De cette place, il parla à l’assemblée et aux jeunes filles qu’on devait baptiser, de la signification de cette cérémonie, de ses propres sentiments la première fois qu’on le plongea dans l’élément purificateur, avec la connaissance entière du sens et de la force de cet acte. Il invita ensuite les jeunes sœurs à s’approcher du bain de la nouvelle naissance ; elles s’avancèrent, une à la fois et conduite par un parent âgé, vers le bord du bassin, où le prêtre, prenant la main de la néophyte, l’aidait à descendre l’escalier. Il restait un instant devant elle dans le bassin en lui tenant les mains. La jeune fille faisait sans doute une promesse, mais je ne l’entendis pas. Ensuite, sa nuque appuyée sur la main du prêtre, elle fut plongée en arrière et vivement dans l’eau. Ce fut l’affaire d’un instant, et, dès qu’elle se redressa, on entonna un chant d’action de grâces, dont les premiers mots me parurent être : « Réjouissez-vous, réjouissez-vous ! » Quand la jeune fille baptisée remonta l’escalier, elle fut reçue par des parents qui l’enveloppèrent d’un grand châle ou manteau et la firent sortir promptement du chœur.

Cette cérémonie fut répétée pour cinq jeunes filles et un jeune homme ; restait encore l’une de ces enfants, la plus jeune, la plus jolie. Immobile dans un coin, elle ressem-