continent, une nouvelle civilisation, avec un avenir de plusieurs milliers d’années, que je dois observer ici ; c’est une âme pleine de vie, un grand caractère, un esprit individuel que je dois apprendre à connaître, avec lequel je dois vivre, causer durant une vie en commun profondément sérieuse. Combien je voudrais saisir son trait caractéristique, entendre ses révélations, sa parole d’oracle relativement à sa vie et à son avenir ! La grande et unanime hospitalité avec laquelle ce nouveau monde m’accueille me fait comprendre que c’est un cœur, un esprit vivant qui viennent en lui au-devant de moi.
Quelques mots maintenant de ma vie extérieure. Je t’ai quittée la dernière fois au moment où je partais avec M. et madame Downing pour faire une visite à la famille Hamilton. Lorsque nous arrivâmes sur le port de Newburgh, deux hommes, l’un gras et l’autre maigre, allaient et venaient en parlant haut, avec feu, on aurait pu dire avec colère. « Quiconque voyage avec ce bateau à vapeur est volé ! s’écriait l’un, il est rempli de filous et de fripons. » L’autre criait : « Quiconque tient à sa vie doit se garder de voyager avec le bateau à vapeur en faveur duquel vous parlez ; c’est un pot fêlé, il sautera au premier jour. » — « C’est faux, de la plus grande fausseté, » reprenait le premier ; et ils se lançaient de terribles coups d’œil sous leurs sourcils froncés, tout en continuant d’aller, de venir, en faisant chacun l’éloge de son bateau et dénigrant celui de l’autre. « Que signifie cela ? » demandai-je à Downing. Il sourit avec calme et répondit : « C’est de l’opposition. Deux bateaux se font concurrence pour les passagers, et ces hommes sont lancés pour faire le puff chacun en faveur du sien. Ils recommencent ce rôle chaque jour ; cela ne signifie rien. » Je remarquai aussi que, tout en se lan-