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LA VIE DE FAMILLE

efforts de ce qu’il est. « C’est l’un de nos meilleurs hommes, » ajouta mademoiselle Sedgewick. J’éprouverai une véritable peine à me séparer de lui et de sa charmante femme. Downing a dressé à mon intention un projet de voyage, une feuille de route pour mes courses pendant une année dans les États-Unis, et m’a pourvue de lettres pour ses amis en différents endroits. — J’aurais encore bien des choses à te dire sur ma joie d’être ici, sur ce que je verrai, tout en trouvant ma vie extérieure parfois un peu fatigante, et en me préparant à supporter plus de fatigues encore. Hélas ! qu’il y a peu de gens ayant à se plaindre d’une lutte causée par trop d’intérêt et de bienveillance ! Mon Agathe, quand tu penses à moi dans tes prières (je sais que tu le fais), remercie Dieu à mon intention de ce qu’il satisfait avec tant de bonté, et si richement, à mes vœux secrets, ma faim, ma soif.

Le matin.       

Encore un salut des beaux rivages de l’Hudson, des montagnes de Newburgh, avant que je les quitte, peut-être pour toujours. Les Downing disent bien que je reviendrai chez eux au printemps prochain ; mais — il y a loin d’ici là, et j’ai tant de voyages à faire, tant de choses à voir… Encore un beau matin. La rivière est unie comme un miroir ; des centaines de petites voiles glissent doucement sur l’eau et ressemblent à des mouettes qui nagent entre les hautes montagnes. Comment font-elles pour se mouvoir, car le vent paraît dormir. Sur la rivière et les montagnes, sur les forêts qui prennent de plus en plus la couleur de l’or, sur les villages blancs scintillants avec leurs clochers dans les bras des montagnes boisées, repose le voile vaporeux de l’été indien. C’est une scène grande et