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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Henri Longfellow, le chantre d’Évangélina, est peut-être le poëte américain qu’on lit le plus, et le plus populaire ; mais il le doit à des qualités qui appartiennent à l’ancienne nature poétique de tous les pays, et il n’a rien de remarquable comme poëte du Nouveau-Monde. Les sentiments, suaves ou tristes, qui se meuvent dans tout bon cœur humain sont, à proprement parler, son domaine ; il y est maître, surtout pour l’observation des nuances délicates. Il n’a traité que dans Évangélina un sujet américain et des scènes américaines.

Mais en voilà assez sur la poésie de cette matinée, il faut dîner. Mes deux compatriotes, et même un troisième, M. Benzon, consul de Suède à Boston, ont été de ce repas.

Le soir.

La journée, avec ses scènes et ses impressions variées, est finie. Si seulement je pouvais prendre tout cela un peu plus froidement ! Mais je sens les choses avec trop de vivacité et m’émeus trop facilement : chaque impression me va droit au cœur ; il bat alors plus vite qu’il ne lui est bon. Je suis seule dans ma chambre, et vois de ma fenêtre, dans la nuit sombre et éclairée par les étoiles, les bateaux à vapeur voler sur l’Hudson, tandis que leurs cheminées lancent des flammes bleu soufre et jaune : c’est magnifique. Demain j’irai avec mes hôtes chez l’une de leurs meilleures amies, la famille Hamilton, établie sur les bords de l’Hudson et dans le voisinage de Washington Irwing. Le semaine prochaine je retournerai à New-York pour commencer ma campagne, dont cet échantillon de la vie des champs et de société n’est que le prologue.

Parmi les personnes que j’ai vues ici, M. et madame Spring, de New-York, sont venus avec leur « nourrisson, »