son, petites par leur dimension, mais grandes par leur esprit et leur but. Je lus un poëme dithyrambique qui caractérise bien l’individualité du poëte. Ses confrères américains parlent à la société, Émerson s’adresse seulement à l’individu. Tous cependant me font sentir un souffle de la vie du Nouveau-Monde, dans un certain but grand et sans limite, dans leurs pressentiments, leurs exigences, leur espérance et leur foi ; et je reprends haleine dans un monde plus vaste, plus libre. Émerson dit dans son poëme intitulé Donne tout à l’amour :
« Donne tout à l’amour, obéis a ton cœur, donne à tes parents, tes amis, des biens et une bonne renommée, tes vers, ton jour. Ne refuse rien !
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« Car l’amour est un dieu, il connaît son propre chemin et les chemins qui sortent des nuages.
« L’amour n’est pas pour le faible, il exige un grand courage, des âmes au-dessus du doute, une force qui ne faiblit pas… Il récompensera ces âmes ; elles deviendront plus qu’elles n’étaient, et s’élèveront sans cesse.
« Mais le perfectionnement de ton cœur exige encore un pas, encore un battement de pouls, de la force calme.
« Sois aujourd’hui, demain, toujours, indépendant comme un Arabe de celle que tu aimes.
« Aime-la de toute ta vie ; mais si l’ombre seulement d’une joie se glisse furtivement dans son jeune sein lorsqu’elle est séparée de toi,
« Qu’elle soit libre, ne la retiens point par l’ourlet de sa robe, ne garde pas la moindre feuille tombée de son diadème d’été.
« Quoique l’aimant profondément comme quelque chose de meilleur, de plus noble que toi-même ; quoique la séparation d’avec elle obscurcisse pour toi le soleil et enlève tout attrait à ce qui t’environne, apprends à ton cœur que les dieux arrivent quand les demi-dieux s’en vont. »
Ce stoïcisme est noble. Parmi les poëmes d’Émerson, il en est plusieurs qui rendent témoignage d’un stoïcisme