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LA VIE DE FAMILLE

des enfants de l’Afrique ; les « solliciteurs » surtout étaient hors d’eux ; ils battaient des mains, riaient, et des flots de lumière s’élançaient de leurs jeux. (Quelques-unes de ces figures sont gravées dans ma mémoire comme ce que j’ai vu de plus expressif et de plus énergique. Pourquoi les artistes du Nouveau Monde n’essayent-ils pas de peindre de telles scènes, de telles figures ?) Le ravissement causé par le récit de l’orateur aurait pu devenir convulsif dans quelques parties de l’auditoire si le principal guide de la réunion, M. Martin, n’avait pas fait signe de la tribune, avec la main, pour contenir ses auditeurs, ce qui calma sur-le-champ la fermentation. Pendant la nuit, il avait déjà engagé l’auditoire à se garder des explosions convulsives, comme mauvaises et troublant les effets de l’esprit sur eux et sur les autres. Le prédicateur wesleyen quitta la tribune, tandis que les expressions du ravissement de l’assemblée duraient encore.

Le sermon principal du jour eut lieu vers onze heures du matin et fut prononcé par un légiste de l’une des villes des environs, homme grand, maigre, ayant des traits fortement marqués, tranchants, des yeux profonds et brillants. Il parla du jugement dernier, en fit une description très-vive : les flammes fendues comme des fourches, le fracas, le bouleversement de toutes choses, n’y manquaient pas. « Je n’ai pas encore, il est vrai, senti la terre trembler sous mes pas ! s’écria-t-il, elle paraît encore solide (il frappa rudement du pied dans la tribune) et je n’entends pas encore rouler la foudre du jugement ; mais n’importe, tout cela peut être proche, » etc., etc. C’est pourquoi il engageait ses auditeurs à se convertir et à faire pénitence.

Malgré l’importance et la gravité du sujet, l’énergie de l’expression, ce discours avait quelque chose de sec, était