drai-je si cela doit continuer ? Heureusement que je serai enlevée de New-York demain de bonne heure par le brave Downing. Malgré ma fatigue, je suis obligée d’aller passer la soirée chez mademoiselle Lynch ; elle veut me présenter quelques littérateurs de ses amis. Je suis habillée, j’ai mis ce que j’avais de mieux et ne suis pas trop mal ; j’écris en attendant la voiture. Ah ! que ne puis-je me mettre au lit et dormir !
J’habite la même chambre que la fille pâle du Sud. Jamais je n’ai vu personne aller au-devant de la mort avec un esprit aussi net et aussi gai. C’est un être pieux, calme, ayant beaucoup de force et de tendresse dans l’âme. Je vais partir. Bonne nuit.
Quelle satisfaction j’éprouve de me trouver dans ce jeune et nouveau monde, et combien je suis reconnaissante envers la Providence de ce qu’elle m’a amenée ici saine et sauve par l’entraînement de l’esprit et de la vapeur ! Peu importe que je sois presque oppressée en même temps qu’émue par la masse d’impressions et de pensées qui se précipitent pour ainsi dire sur moi. Tout ce que j’ai pressenti, cherché, désiré, je le trouve ici : c’est de la pâture et des lumières pour l’esprit de détail dont je suis douée. Je me trouve surtout heureuse d’être en contact avec M. Downing, esprit noble, d’un discernement délicat, véritable Américain, mais sans patriotisme aveugle, âme ouverte, raison critique ; — il m’aide à réfléchir sur la situation et les questions du pays. Un pareil aide est nécessaire pour commencer.
J’avais besoin aussi d’être enlevée de vive force aux