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LA VIE DE FAMILLE

que d’une couple d’années. Sa vie, comme sa lutte, est l’histoire abrégée du sort de sa nation dans cette partie du monde. C’est pourquoi, et aussi à cause de l’expression de son beau visage, j’ai voulu emporter une copie de son portrait afin que tu le voies. Bien des personnes ici m’en ont parlé. Au fond, je n’ai guère de faible pour les Indiens, malgré les vertus isolées et le beau caractère individuel dont les romans modernes aiment à les parer. Ils sont très-cruels dans leurs guerres entre eux, et habituellement durs envers leurs femmes, qu’ils traitent en bêtes de somme et non comme des semblables.




Casa Bianca, 16 avril.

Je t’écris maintenant d’un ermitage situé sur le bord de la petite rivière de Péedée. C’est une demeure isolée, paisible, tellement solitaire et tranquille, que je suis presque surprise de la trouver dans cette partie du monde, si pleine de vie, de mouvement, chez ce peuple qui aime la société. M. et madame Poinsett, couple âgé et respectable, vivent ici seuls au milieu d’esclaves nègres, de plantations de riz, de forêts sauvages et sablonneuses. Il n’y a pas un serviteur blanc dans la maison. Le surveillant des esclaves, qui habite toujours près de leurs cases, est le seul blanc que j’aie vu ici hors de la maison. M. et madame Poinsett me paraissent aussi en sûreté chez eux que nous le sommes dans notre Orsta, et s’inquiètent peu de savoir si la porte de la maison est fermée la nuit. Cette demeure, ses meubles, ses appartements, antiques relativement à la jeunesse