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LA VIE DE FAMILLE

champs et la rivière, et il lui vient de là un air des plus délicieux, les zéphyrs les plus frais. Des plantes grimpantes, des roses blanches, des chèvrefeuilles rouges s’élancent vers la terrasse supérieure et y forment le plus joli verand. Je m’y promène souvent, et surtout le matin et le soir. À l’étage supérieur est ma chambre, jolie et bien aérée ; les appartements de réception sont au premier, et le soir on se réunit sur leur terrasse, ou bien on sort, pour se promener, avec la compagnie qui vient ordinairement.

Tu connais déjà un peu madame Howland, mais on n’a véritablement de la considération pour elle qu’après l’avoir vue dans la vie journalière, dans sa maison. Elle ressemble on ne peut davantage à nos mères de famille suédoises par son extérieur calme, soigneux, par la bienveillance maternelle, qui trouve toujours quelque chose à faire et ne craint pas de mettre la main à tout. (Dans les États à esclaves, on regarde ordinairement les travaux grossiers comme quelque chose d’avilissant, et on les fait faire par les esclaves.) Madame Howland est occupée paisiblement du matin au soir, tantôt de ses enfants, tantôt des repas en aidant ses serviteurs à mettre le couvert ou à resserrer ce qui doit être enfermé, en veillant à l’ordre (ce qui est fort nécessaire avec les nègres ; car ils sont, par nature, dépourvus de soin) ; tantôt elle taille des vêtements et les coud, tantôt elle habille et approprie les petits nègres de la maison. Dans le jardin, elle plante des fleurs, redresse celles qui tombent, attache et remet en place les sarments qui s’égarent ; elle reçoit des visites, expédie des messagers, etc., avec cette raison calme, cette dignité pleine de bonté qui sied si parfaitement à une maîtresse de maison et lui fait porter avec aisance le fardeau du foyer, dont elle est l’appui et l’ornement. Le soir surtout… Mais