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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

duellement. Il dit de l’un : « C’est un homme d’affaires ; » de l’autre : « C’est une actrice ; » d’une troisième : « C’est une sainte, » etc., et place ainsi chacun dans son coin, après lui avoir mis une étiquette. Il est vrai que chaque planète a son axe particulier, autour duquel elle opère son mouvement de rotation ; mais sa plus grande signification me paraît être dans son rapport avec le soleil, ce centre autour duquel elle gravite, et qui décide de sa vie et de sa course.

Je ne t’écrirai plus, probablement, de Boston ; car je vais m’occuper de mes préparatifs de voyage, et j’aurai beaucoup de visites à faire, de lettres à écrire pour me séparer d’une manière tant soit peu honnête de cette ville et de ses environs. Tout cela prendra du temps. Hélas ! je n’en aurai que trop peu, et le moindre effort me donne la fièvre. L’air est de nouveau froid et rude, et je ne suis pas bien. Cela provient-il de la nourriture, de la fatigue, de l’air, de tous ces devoirs de société ? Le climat et moi, nous sommes également variables dans ce pays. Et quand on me demande (c’est l’une des immuables questions qu’on m’adresse souvent) : « Quelle différence y a-t-il entre votre pays et le nôtre ? » ma réponse constante est : « Celle qui existe entre un homme marié rangé et un amant capricieux. » Et l’on rit.

J’ai passé une soirée fort agréable avant-hier avec mademoiselle Sedgewick, chez sa fille adoptive, madame Meinert, jeune femme très-gracieuse. Madame Kemble y était aussi, et sa personne, pleine d’une vie si fortement marquée, répand toujours l’animation autour d’elle. La bonté et la belle raison de mademoiselle Sedgewick produisent le même effet. Fanny Kemble m’adressa à travers le salon une question sur Lindblad. « Que savez-vous de notre