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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

velle-Angleterre, une sorte d’ornement gracieux, composé de grands bouquets, de véritables bouquets gigantesques, formés avec les jolies plantes herbacées du pays, qui sont également d’une nature gigantesque, à en juger par ces spécimens. On les place dans des vases au salon, pour le parer, et on les emploie aussi d’autres manières. Souvent de petits colibris (malheureusement morts) semblent voltiger au milieu de ces herbes. J’ai vu aussi des groupes de jolis oiseaux du pays et des coquillages orner les appartements, ce qui me paraît ingénieux et du meilleur goût. Nous pourrions faire de même en Suède si nous connaissions mieux les dons que le Seigneur nous a faits.

Je ne saurais te dire combien j’ai à me louer des Lowell ; leur portrait est dans mon album comme dans mon cœur.

J’allais oublier de te raconter la visite que m’a faite l’autre soir le quaker et poëte Whittiers, l’une des natures poétiques les mieux douées, les plus pures des États du Nord ; il est dévoré de l’amour de la liberté, de la justice et de la vérité, lutte pour elles dans ses chants et contre leurs ennemis dans la vie sociale du Nouveau-Monde. Whittiers est l’un de ces puritains qui ne veulent pas transiger avec la justice, n’importe sous quelle forme. Sa taille est haute, élancée, il a une jolie tête, des traits fins, des yeux noirs pleins de feu, le teint foncé, un sourire agréable, des manières animées. Mais l’esprit et l’âme tendent trop les cordes de ses nerfs et rongent le corps. C’est une de ces natures qui iraient avec fermeté et joie se présenter au billot en martyr d’une grande cause, et ne peuvent se trouver en bonne compagnie sans avoir l’air de temps en temps de vouloir courir vers la porte. Il vit avec sa mère et sa sœur à la campagne ; j’ai promis d’y aller.

J’ai aussi parlé un peu botanique avec le célèbre profes-