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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

de M. Parker. J’aime à un tel point tout ce qui est courage et expression franche d’une conviction, que je lui tendis la main en le remerciant sincèrement de sa sincérité, je crois qu’il est agréable de causer avec lui ; il écoute, est sérieux, a de la douceur et de la cordialité. Je lui ai fait part de mes objections contre le point de vue unitaire en général, parce que, partant de là, bon nombre des plus grandes et des plus importantes questions sur Dieu, l’homme et la vie, restent sans solution et n’en trouveront jamais. Parker m’écouta amicalement, avec gravité, convint de plusieurs choses, entre autres de la possibilité des miracles quand on les considère comme opérés par une force, non pas en dehors, mais dans la nature, — la nature prise sur une grande échelle. Il a une tête à la Socrate, un esprit moral, pur et fort ; comme Émerson, il est fasciné par l’idéal moral, le présente aux hommes avec force, de manière à les entrainer, et fait naître en eux un amour plus noble de la justice et de la vérité. Comme théologien, Parker est faible et parle mal sur les plus magnifiques préceptes de la révélation, car il ne les comprend pas. Il est quelquefois heureux et vrai dans sa polémique contre l’orthodoxie et l’Église pétrifiées. Cependant je crois qu’on peut dire de lui, comme on l’a dit d’un plus grand homme (Luther) : « Il a bien critiqué, mais pauvrement doctriné[1]. » Mais Parker se livre à un examen sérieux, dit loyalement sa pensée, c’est déjà un grand mérite ; on ne peut guère en demander davantage d’un homme. On le dit bon, faisant beaucoup de bien ; ses yeux chauds et jolis me font croire que c’est la vérité : Parker m’a plu.

Le jour suivant, Benzon m’a conduite à Cambridge, chez

  1. Ces mots sont en français dans l’original. (Trad.)