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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

aux grelots, à toute cette vie joyeuse et solennelle ! Mais nos chaumières peintes en rouge étaient métamorphosées ici en petites maisons blanches d’un aspect infiniment plus riche.

Mes mains étaient si roides de froid, que j’eus de la peine à m’habiller ; et j’étais grelottante lorsque je descendis pour le déjeuner dans une petite salle où, grâce au poêle en fonte, il faisait une chaleur à être rôtie. Comme d’habitude dans ce pays, le déjeuner fut riche et bon ; mais je ne puis croire que ces déjeuners copieux et échauffants soient salutaires pour la santé.

Nous allâmes ensuite à l’église, ce jour étant considéré comme férié dans tout le pays. Le prédicateur énuméra les raisons que l’assemblée avait d’être reconnaissante envers Dieu pour les affaires générales et particulières, pour la prospérité dont elle avait joui depuis la fête de l’année précédente. Quoique ce prédicateur de fût pas évidemment d’une nature poétique, et que l’histoire de l’année eût été relatée en style de chronique, son sermon, dans « cette circonstance solennelle, » fut édifiant et riche par son contenu et son but. Pourquoi tous les peuples n’ont-ils pas de ces fêtes annuelles d’Actions de grâces ? Elles serviraient à développer dans leur âme les rapports élevés qui existent entre la terre et le bienfaiteur céleste. Nous avons des jours publiquement consacrés à la prière, mais aucun qui le soit à la reconnaissance.

J’ai interrogé plusieurs personnes sur l’origine de cette fête en Amérique, et n’ai pas été médiocrement surprise en voyant combien on est peu instruit à cet égard. On croit qu’elle a été instituée quelque temps après l’arrivée des pèlerins, et qu’elle s’est consolidée comme l’expression la plus haute de la conscience d’un peuple. J’ai ce-