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son amour pour Alix aussi fort, aussi complet que jamais. En vain essaya-t-il de le déloger, il ne réussit qu’à se faire souffrir ; car en se débattant contre les attaques d’expulsion, son amour, qui emplissait son être, le déchirait.

Pour Alix, les fêlures de sa cuirasse d’orgueil, s’élargissaient de jour en jour, et les élans de son âme devenus plus souples la jetaient dans l’émoi. Elle était désemparée.

Revenus à Québec, monsieur et madame Paul Bordier s’installèrent dans leur magnifique résidence de l’Avenue des Braves, donnèrent des réceptions et acceptèrent des invitations. Leur attitude correcte à l’égard l’un de l’autre, ne trahissait aucune contrainte. Devant son père et sa mère, Paul se montrait joyeux. Ils ne devinèrent pas l’angoisse sous le rire, ils le voulaient si heureux leur cher fils ! Mademoiselle Eulalie, conquise par les attentions délicates du mari d’Alix, ne jurait plus que par lui. Gilles, seul, soupçonna une partie du drame.