Paul, le premier, rompit le silence.
— Madame, le chauffeur sera ici dans quelques minutes pour nous conduire à la gare.
Ces paroles banales tombèrent comme les coups d’un glas dans la nuit.
— À la gare, répéta-t-elle vaguement ?
Il dit, la voix blanche :
— À la gare, oui : ce soir commence notre voyage de noces…
Elle se souvint.
— Je ne tiens pas à faire cette croisière…
— Ni vous, ni moi, ne pouvons rien changer à ce qui a été décidé.
— Ne pourrions-nous pas, par un arrangement quelconque, rester ici jusqu’à…
Elle eut une hésitation.
— Jusqu’à notre séparation…
— Notre séparation ?
— Rompre les liens qui nous unissent, n’est-ce pas la seule solution…
— Je m’y oppose. À quoi servirait de donner au public avide de scandale, le spectacle de notre misère. Non. Ensuite, il y a nos familles. À tous ces êtres chers, il ne faut pas montrer notre grande erreur, mais la cacher. Qu’ils ne se doutent jamais que ceux qu’ils aiment se sont lourdement trompés.
— Qu’exigez-vous donc de moi, demanda-t-elle hautaine ?