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ce bout de soirée dans notre nouveau logis. Ceci vous fournira l’occasion de le mieux connaître. Vous n’y avez fait que de si courtes visites.

— Votre idée est excellente, je vous accompagnerai très volontiers. Elle avait parlé calmement, mais soudain un frisson la secoua, violent. La proposition de Paul de visiter la maison était pour elle le signal de châtier cet homme. L’heure qu’elle avait tant désirée allait sonner.

Au moment de partir, Paul conduisit sa femme auprès de sa mère et de son père. Et pendant qu’Eustache serrait vigoureusement la main de son fils, Jeanne prenant sa bru dans ses bras, lui dit à l’oreille :

— Aimez-le bien mon fils, Alix, il est si bon…

Puis se jetant au cou de Paul, elle l’embrassa bien fort :

— Sois heureux, mon enfant.

— Maman, priez pour elle et pour moi !

Les jeunes époux partirent, et l’auto qui les conduisait les déposa en peu de temps à leur nouveau logis.

Il y avait un an de cela, dans le but de son établissement futur, Paul avait acheté, Avenue des Braves, une superbe villa qu’il avait meublée et fait décorer avec un goût parfait.

À l’arrêt de l’auto, Paul montrant la maison illuminée, dit à Alix :

— Madame, vous voici rendue à votre foyer.

À ce mot qui renferme tout ce qu’une femme peut attendre de mieux de la vie, Alix éprouva une sensation faite de tourment et de joie imprécise. Une bouffée