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— Oh Gilles…

— Épousez quelque colonel chamarré de la garnison, avec double noblesse, civile et militaire, au plastron garni de décorations.

— Gilles, grand et cher fou, tu te moques de moi, mais je t’aime bien quand même.

Puis avec un peu d’inquiétude, elle questionna :

— Crois-tu qu’Alix sera heureuse ?

— Elle a choisi l’homme qui peut lui donner le bonheur ; puisse-t-elle bien le comprendre.

Il faut peu parfois pour redresser un défaut. Lorsque Gilles de Busques dans sa colère, lança l’affront à Paul Bordier dans la cour du collège, les reproches de ses compagnons de classe le firent entrer en lui-même. Il eut honte de lui. Et comme son orgueil avait été cause de tout, il s’y attaqua et le vainquit. Il ne fallut rien moins que des libations trop généreuses, pour lui avoir fait manquer de répéter sur la terrasse Dufferin ce qu’il appelait sa grande bêtise d’écolier.

Oui, ce sympathique garçon s’était corrigé de son défaut dominant, et un tout pareil qu’il voyait chez sa sœur, venait souvent jeter une ombre sur son rire facile.

Gilles menait une vie très large ; et quoique presque toujours en voyage, il suivait néanmoins les succès rapides de Paul Bordier, et admirait ce travailleur. La décision d’Alix d’épouser l’architecte, tout en le réjouissant, lui causait un malaise : saura-t-elle l’apprécier ?