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Elle abaissa de nouveau ses paupières, pour cacher l’éclat vainqueur de ses yeux. Puis regardant le jeune homme d’une façon singulière, elle dit sans ambage :

— Il y a des mots si durs, qu’ils lient pour la vie les êtres qui les échangent. Ils ont alors une force semblable à celle de promesses conjugales, ne trouvez-vous pas ?

Paul Bordier comprit la pensée de mademoiselle de Busques. Il fit un pas qui le rapprocha d’elle, et avec un accent chevaleresque, maîtrisant son émotion, et évitant l’humiliation à celle qui se jetait à sa tête, il dit en s’inclinant :

— Mademoiselle de Busques, j’ai l’honneur de vous demander votre main.

— Je vous l’accorde, répondit-elle sans hésiter.

Mais une sensation indéfinissable, vite disparue, lui serra soudain le cœur.

— Mademoiselle, reprit Paul solennel, je vous prends pour femme, avec la certitude que vous m’apportez un cœur, je ne dis pas aimant, mais sincère. Mon amour inconcevable pour vous trouvera, je le souhaite ardemment, une solution qui nous fera supporter notre étrange situation.

Elle dit, le regard lointain :

— Votre amour, c’est surtout lui que je veux…

— Vous l’avez depuis le jour où je vous ai vue. Disposez-en.

Il ajouta :

— Et n’oubliez pas que j’y suis lié par toutes les fibres de mon être. Vous avez entre vos mains le moyen de me tuer sans me toucher, je crois.