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escalier tournant conduisant à sa chambre, où elle entra en fermant la porte.

Elle aussi comme Paul, se laissa choir sur son lit ; et malgré la chaleur de la nuit, elle se mit à grelotter, non de fièvre, mais d’humiliation et de rage. De son orgueil déchiré, mis en pièces, sortit un cri de vengeance.

— Oh, ce Paul Bordier, lui faire payer la souffrance que j’endure !

Elle ne s’arrêtait pas à penser qu’elle l’avait flagellé d’une façon inouïe.

Dans sa tête maintenant lucide, Alix ébaucha plusieurs plans pouvant crucifier l’architecte. De tous ceux qui se présentèrent à son esprit, un par sa méchanceté s’imposa, tenace. Elle l’accepta.

Paul Bordier avait dit, oh elle s’en souvenait ! ces mots : « Mon amour indestructible, rend mes paroles irrévocables. »

— Alors, c’est par le cœur que je le prendrai, dit-elle avec une fureur concentrée.

Pour mettre au plus vite son projet à exécution, elle alla s’asseoir à un joli secrétaire, et écrivit fébrile, la note suivante :

« À monsieur Paul Bordier :

Monsieur,

Après ce qui s’est passé entre nous, cette lettre ne doit pas vous surprendre.

Auriez-vous l’obligeance de passer chez moi, demain soir ? j’ai à vous parler.

Alix de Busques. »