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traversa les yeux superbes. Elle savait maintenant comment frapper Paul Bordier. Elle lança en riant :

— C’est vrai, Gilles, tu connais monsieur Bordier, mais t’attendais-tu ce soir, à voir ta sœur à côté d’un prince d’une maison royale de France ?

Mais Gilles, sans écouter sa sœur, s’était éloigné.

Sous l’injure qui le frappait, Paul serra si violemment le dossier d’une chaise de la terrasse, placée sous sa main, que le bois en gémit.

Alix se retourna et implacable :

— Monsieur Bordier, quoique ce siège ne soit pas du style du dix-septième siècle, pas n’est besoin de le détruire.

La réponse qui vint, fut loin de celle qu’attendait Alix.

— Mademoiselle, vous m’avez promis deux valses ; nous en avons dansé une, venez, l’autre nous attend.

Devant la stupeur de la jeune fille, Paul dit incliné :

— Venez, on nous regarde.

— Sous les flots de lumière et parmi les fleurs, Paul et Alix enlacés, se mirent à valser aux accents un peu mélancoliques de « Beau Danube Bleu ».

— Cette valse est belle, dit Paul sourdement, elle nous transporte dans un lieu féerique fait de prairies verdoyantes, coupées d’un fleuve azuré, dans lequel se reflètent les tourelles de châteaux merveilleux. Et dans ce pays de rêve, le ciel toujours bleu, où se promènent sans cesse des nuages blancs et floconneux, crée d’un rien des scènes pastorales d’un fini délicieux.