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Alix de Busques était debout près d’un haut palmier, dont elle caressait, du bout de son éventail, les feuilles retombantes. Vêtue d’un lamé d’argent, elle évoquait l’image de la jeunesse victorieuse. Dans sa pose méditative, Alix eût pu troubler un cœur beaucoup moins amoureux que celui de Paul Bordier. Par exception, une douceur inaccoutumée atténuait les traits altiers de mademoiselle de Busques, et lui donnait un charme ensorcelant.

L’orchestre préludait, et déjà des couples tournaient aux accents entraînants d’une valse.

Paul s’approcha vivement d’Alix, et s’inclinant profondément :

— L’honneur de cette valse avec vous, mademoiselle ?

Elle acquiesça d’un signe de tête gracieux, et posa sa main sur l’épaule de son danseur, et le couple s’élança.

Paul sentit la taille souple sur son bras, le parfum des cheveux blonds le grisait. Comme dans un rêve il eût aimé que cela fût ainsi toujours. Pour savourer cet instant unique, il ne parlait pas.

— Où sont donc vos paroles ce soir, monsieur Bordier, dit Alix en levant son visage souriant vers Paul ?

Paul regarda ardemment la jeune fille, et fit passer dans ses yeux, tout ce dont son cœur était plein.

— Les paroles manquent, ou plutôt on ne sait lesquelles choisir pour exprimer ce que l’on ressent parfois, dit-il gravement.