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chose dans les yeux de cet homme, la troublait parfois. C’est que les regards de Paul empruntaient souvent leur éloquence aux sources vives de son cœur.

— Alix de Busques sera ma femme.

Ainsi en avait décidé le fils d’Eustache. La vie l’avait frappé aveuglément en prenant possession de lui, mais à présent qu’il en était le maître, il allait prendre une revanche magnifique. Sorti de la rue, il ne voulait plus regarder en arrière. Il sera le premier d’une génération nouvelle, et il voulait l’asseoir sur des bases solides.

En rencontrant Alix de Busques, le cœur de Paul alla à elle.

— Ce sera donc cette créature superbe qui m’aidera à la réalisation de mon beau rêve, se dit-il. À cette famille de vieille souche, se soudera le rameau né d’hier, et du mélange de cette sève s’élancera un arbre vigoureux.

À chaque rencontre avec mademoiselle de Busques, Paul sentait grandir son amour pour elle. Seule, l’attitude hautaine de la jeune fille l’empêchait de le lui déclarer, mais il voyait venir le moment où il ne pourrait plus se contenir, et lui jetterait l’aveu.

Au commencement d’octobre 1932, un bal réunissait le tout Québec select au Château Frontenac.

En entrant dans la splendide salle de danse de cet hôtel fashionable, Paul Bordier ne s’arrêta pas à en contempler les richesses. Ses yeux fouillaient discrètement les groupes, à la recherche de celle qui seule comptait pour lui, ce soir-là. Il l’aperçut enfin.